[22/06] une question d'immunité (Raphaël)

Aux environs de 19h...

Un peu plus tôt dans la journée, pendant ma garde, j'étais rapidement passé au laboratoire pour demander à Raphaël s'il était possible que l'on se voit. ça faisait déjà longtemps qu'on se voyait régulièrement pour discuter de science. Je me passionnais vraiment pour les sciences médicales et Raphaël m'aidait lorsque je rencontrais quelques difficultés avec certains sujets. Dernièrement, j'avais lu quelques articles d'immunologie, et du coup, je me posais tout un tas de questions sur ce qui s'était passé quatre ans auparavant. C'est pour cette raison que je voulais voir Raphaël... parce que quelque chose me chiffonnait...

J'étais donc devant la porte de chez Raphaël. Je frappais à la porte. J'avais les bras chargés de livres. Certains venaient de la bibliothèque, et d'autres étaient des emprunts que Raphaël avait fait auprès de collègues scientifiques. Avec le temps, notre relation avait évolué, et Raphaël était devenu un véritable ami.

Aussi, sans que l'on en vienne à se faire des confidences, j'avais remarqué qu'il semblait avoir un très bon feeling avec Annabella Hoster, une de ses collègues scientifiques, une femme aussi sympathique que belle et qui avait son appartement pas bien loin du mien. Je les voyais assez souvent ensemble. Ils avaient une façon bien à eux de communiquer. Il m'était arrivé de discuter un peu avec eux lors d'une pause à la cafétéria, et de ne pas comprendre tout ce qu'il racontaient. Ils avaient leurs propres termes et leurs propres références, comme s'ils venaient de la même planète lointaine. Annabella était visiblement sous le charme de Raphaël. D'ailleurs, seul ce dernier ne semblait pas le remarquer...

J'entendis alors du bruit derrière la porte qui s'ouvrit.

Il mâchonnait le capuchon de son feutre, distraitement. Tellement distraitement qu'il aurait pu l'avaler pensant que c'était de la vraie nourriture. Mais la consistance lui rappelait que c'était du plastique.
Il haussa les sourcils... oui, c'est vrai! Il avait dit à Tony de passer! Il avait un peu oublié l'heure et en plus... il ne s'était pas attendu à ce que Tony se ramène après avoir dévalisé la bibliothèque.

- Sluu!... personne ne t'a suivi, hein? Parce que bon, j'ai pas envie d'être complice de ton cambriolage, hein!

Il lui prit quelques bouquins pour l'alléger, et l'invita à entrer. Une fois à l'intérieur, il referma la porte d'un coup de talon. Tony pouvait voir un grand tableau en velleda sur lequel figurait des équations qui n'avaient rien à voir avec la biologie. Au cas où Tony poserait la question, il répondit d'abord:

- Là, je m'amuse à savoir si je parviens au même résultat que Planck sur la constante, par rapport à la taille des quantas...

mais déjà, il avait largué son ami en disant "Planck", "Constante" et "Quantas"

- C'est de la physique quantique... enfin bref! J'avais besoin de me changer les idées, là, et je suis retombé sur ce vieux bouquin, tu sais comment je suis...

Se changer les idées, oui, il en avait besoin, parce qu'il était troublé... et il ne parvenait pas à définir par quoi, ou pourquoi. Il avait trouvé quelques attitude de Bella un peu étranges, et c'était peut-être la source de ses tracas (en dehors du fait qu'il se demandait si elle allait bien.) il avait aussi de drôles d'émotions quand il pensait à elle, et c'était encore indescriptible... mais quelques jours plus tard, le décodeur serait parfaitement opérationnel. En attendant, il s'amusait avec des équations...

Il indiqua la table basse à Tony.

- Vas-y, pose ça là-dessus...

Il regarda les titres de quelques ouvrages. Cell membranes. Immunology. Virus and Immune response. Et autres trucs comme ça. Ainsi, Tony s'intéressait de près à ces choses là...
Il chercha à reboucher son feutre... mais il ne trouvait pas le bouchon...

- t'aurais pas vu un capuchon rouge, par hasard?

Ledit capuchon se trouvait, à l'instant précis, dans un coin de sa bouche, calé entre ses dents...

Quand Raphaël ouvrit la porte et qu'il me vit les bras chargés de livres, il commença par lancer une boutade. Il avait un humour bien à lui, le pti génie, et parfois, il fallait suivre et même s'accrocher pour comprendre telle ou telle réaction. Avec le temps j'avais appris à le connaitre et aussi à m'habituer à certaines de ses réactions ou au fait qu'il sautait fréquemment du coq à l'âne. Je le suivis donc dans son délire. Je fis mine de jeter un œil dans le couloir avant d'entrer chez lui.
" Non, ça va, je crois qu'on sera tranquilles à ce niveau là. " Lui répondis-je à voix basse.

Il prit quelques uns des livres que j'avais apportés. Je vis alors son tableau veledas. Il s'amusait avec un problème de physique quantique... C'était du Raphaël tout craché! Par contre le faire "pour se changer les idées", ça lui ressemblait moins... Etait-il contrarié? Il posa les livres sur sa table basse et me dit d'en faire autant. Je posais donc les livres que j'avais encore dans les bras sur la table basse. Semblant de rien, ça pèse les bouquins! Je ne comprenais pas pourquoi les intellos n'étaient pas plus musclés que ça... c'était pas très logique!

Puis il me demanda si je n'avais pas vu son capuchon rouge.
" Ce ne serait pas celui que t'es en train de mâchouiller? " Lui demandais-je avec sérieux. Raphaël était parfois tête-en-l'air, mais à ce point... Quelque chose devait le perturber. Par amitié, je voulais lui demander ce qui lui arrivait... Je ne voulais pas être indiscret, loin de moi cette idée, mais j'espérais pouvoir lui être utile en retour des services qu'il me rendait depuis que je le voyais pour mes cours.
" T'as besoin de te changer les idées... T'es soucieux? Si je peux t'aider pour quoi que ce soit, n'hésite pas surtout! Depuis le temps qu'on se connait et que tu m'aides sans rien demander... Je serai ravi de t'aider à mon tour! " Lui proposais-je avec un sourire sincère.

Celui qu'il était en train de mâchouiller... Il fronça un sourcil, haussa l'autre. Puis porte la main à sa bouche pour prendre le capuchon. Rouge.
Un petit rire. En effet...

- Hé bien, si, tout juste, c'est celui là...

Cela lui était arrivé de chercher ses clefs partout, pensant les avoir perdues, complètement affolé, alors qu'elles étaient dans une poche de son jean...
Mais c'est vrai qu'il était particulièrement soucieux. Il était naturellement soucieux parce qu'il souhaitait ardemment trouver le remède, mais les événements de la veille lui avaient retourné le cerveau.
Et le pauvre garçon, malgré son QI stratosphérique, n'avait toujours pas percuté. Champion d'aviron, là.

Tony aussi avait remarqué que quelque chose le tracassait.

- Hmmmf, j'm'en fais juste pour une amie qui a fait une crise d'angoisse hier.

Mais ce n'était pas tout. Il aimait la proximité qu'il avait avec elle. Et même ce contact... Et ce baiser sur sa joue restait là, comme indélébile. Et comme il n'avait jamais connu pareil sentiment, il cherchait encore, analysant, alors que la réponse était simple, elle était là, limpide, claire, devant lui. Hé bien non, il ne voyait rien.
Mais passons, quelques jours plus tard, il aurait enfin allumé la lanterne.

- Alors! De quoi voulais-tu causer? Immunologie? Structure des membranes cellulaires et réponse immunitaire?

Il n'était pas devin, il suffisait seulement de lire le titre des livres...

C'était donc bien le capuchon qu'il mâchouillait qu'il avait cherché... sacré Raphaël!

Il était contrarié parce qu'une amie avait fait une crise d'angoisse la veille. ce devait être une amie proche pour qu'il paraisse si soucieux.
" Quelle amie? Le Docteur Hoster?... Rien de grave j'espère... Enfin, je ne veux pas me montrer indiscret, mais vu la façon dont tu es soucieux, j'en conclus qu'il s'agit de quelqu'un de proche... et vous avez l'air très liés tous les deux, donc voilà... "
J'espérais ne pas l'avoir mis mal à l'aise pour autant. Je considérais Raphaël comme un ami, et les amis de mes amis sont aussi mes amis... enfin sauf désaccord particulier.

Puis il mit les pieds dans le plat au sujet de ma venue. Je me lançais donc...
" C'est d'immunologie dont je voudrais qu'on discute. J'ai lu plusieurs articles et des extraits de ces bouquins sur le même sujet. Tous disent la même chose, mais, soit j'ai mal interprété et dans ce cas je suis plus beaucoup idiot que ce que je ne l'aurais cru... soit j'ai bien interprété et dans ce cas, il y a un truc qui me chiffonne...

Je me permets, hein?..."
Je lui montrais le canapé d'un geste de la tête avant de m'asseoir. Même tête en l'air, Raph m'aurait quand même proposé de m'asseoir en temps normal... Mais il était un peu ailleurs ce soir...

" Admettons qu'un sujet A s'est trouvé en contact avec un sujet B atteint d'un virus. B tousse des postillons sur A. Une fois, le temps d'incubation passé, A ne montre aucun signe de la maladie... ça veut dire que A est immunisé contre le virus qui a infecté B. Jusque là, on est d'accord je pense... Mais dans ce cas, est-ce que le sang de A peut servir à créer un remède et ou un vaccin contre ce virus? D'après ce que j'ai compris, oui, mais j'ai peut-être mal compris... "

- Oui, Annabella Hoster...

Est-ce que c'était grave? Il ne le pensait pas. Les crises d'angoisses étaient la plupart du temps anodines. Mais allez savoir ce que ça cachait... on n'en faisait pas sans raison... mais, apparemment, c'était seulement de la kénophobie.
Mais bon, ce qui le tracassait aussi, c'était ce sentiment d'inquiétude intense, et ce sentiment tout court... ses sensations étranges...
Il revient à la conversation... Tony supposait qu'ils étaient proches.

- Nous le sommes.

Puis ils passèrent vite au vif du sujet. Tony s'installa, ce qui ne dérangeait aucunement Raphael. Il n'allait pas rester debout! C'était logique pour lui qu'il s'assoie!
Et Tony posa sa question. C'était très réfléchi, il avait beaucoup lu, et ce point l'ennuyait particulièrement.

Raphael écouta attentivement et s'assit à côté de son ami.

- Hum... alors... en théorie, ça pourrait marcher, et d'ailleurs ça marche pour pas mal de choses... hélas pas pour tout. Tu sais, par exemple on a déjà vu des gens être complètement imperméables au VIH, malgré une conduite à risque, qu'elle soit inconsciente ou non. Il y a plusieurs personnes qui n'ont jamais été infectés par le VIH, bien qu'ils aient eu des relations suivies avec des personnes atteintes pendant des années, et sans aucune protection. Il y a même eu des gosses de ces unions... ce qui est assez tragique. S'il suffisait de se servir du sang de ces personnes, ça ferait longtemps qu'on aurait vaincu le SIDA. Un homme a été opéré et on lui a greffé de la möelle osseuse d'un homme qui possédait un anticorps spécifique... après son opération, il n'était plus séropositif. Ce genre de trouvailles sont créé des avancées... pour autant, on n'a jamais trouvé de remède contre ça.

Il comprenait toutefois les interrogations de Tony. En fait, ce genre d'interrogation, la plupart des gens l'avait. C'était logique. Pourquoi toute la famille était morte et pas eux? Pourquoi, alors qu'ils étaient au même endroit, ont respiré le même air, le mec d'à côté est tombé malade et pas lui?
Quand on ne se pose pas la question, par manque d'intérêt ou de connaissance, on trouve ça peut-être bizarre, puis on passe à autre chose. Mais Tony venait de mettre le doigt sur un des grands problèmes de la science.

- Je comprends que ça te tracasse, moi aussi ça me tracasse, et je travaille sur ce genre de trucs depuis presque dix ans. Pour certains virus, c'est efficaces, et pour d'autre, coup d'épée dans l'eau. Et pour l'Enavir... c'est comme pour le SIDA. On aurait pu prendre mon sang, le tient, celui de tous les survivants, mais on n'a rien. Mon travaille consiste en fait à essayer de modifier les membranes cellulaires, afin de les rendre plus résistantes, et peut-être empêcher le virus de les pénétrer... mais tu t'imagines, c'est pas simple, ça fait quatre ans que je m'escrime... C'est rageant et frustrant, oui. Nombreux sont ceux qui ont vu les leurs ou des voisins mourir... t'as entendu parler du jeune Serbe? Un cas parmis d'autres, je pense à lui parce qu'il manque à chaque fois de me rouler dessus quand je m'aventure au niveau 2. On l'a retrouvé seul en compagnie de deux cadavres. Selon les théories normales, il aurait dû mourir avant d'arriver à Eternalis. Et je suppose qu'au moins 50% des gens ici sont dans le même cas.

Long monologue, qui le tirait un peu de ses tracasseries.

- On travaille aussi à la résolution de cette énigme, pourquoi certains sont naturellement immunisés et d'autres non, et pourquoi quand on essaie de faire un sérum, ça ne fonctionne pas. C'est l'une des grandes questions les plus intéressantes en immunologie... et aussi les plus frustrantes...

Alors Raphaël me confirma le fait que Annabella et lui étaient proches... Ces deux là étaient toujours ensemble. Ils n'étaient pas de simples collègues, c'était évident. Je croisais souvent l'un qui allait ou venait chez l'autre. Et quand je les voyais ensemble, j'avais toujours l'impression qu'il se dévoraient du regard l'un l'autre. Si c'était flagrant chez son amie, c'était beaucoup plus subtil chez Raphaël, mais je n'étais pas dupe, et je n'étais probablement pas le seul à ne pas l'être...

Puis alors que j'expliquais ce qui m'amenait, Raphaël me fit tout un speech sur les mystère de l'immunologie...
" D'après ce que j'ai pu entendre, tous les gens qui sont ici n'ont pas été exposés directement au virus. Certaines personnes, comme le petit Novak, ou comme moi, ont été directement exposés au virus et ont eu un bol monstre! Une amie est morte dans mes bras en quelques instants. Elle a toussé et même craché du sang sur moi, et je n'ai absolument rien eu. Après d'autres personnes sont venues ici sans avoir été en contact avec des personnes infectés, comme ta petite amie d'ailleurs. Elle m'a dit qu'elle était sur les routes lors de l'alerte et que du coup, elle avait pris la route pour venir ici. "
J'avais employé l'expression "petite amie" en parlant d'Annabella, parce que je supposais que c'était le cas. à la façon dont Raphaël avait dit "nous le sommes" quand je lui avais dit qu'ils avaient l'air très liés tous les deux, ça m'avait paru couler de source... C'était tellement évident!

Il écouta un peu Tony répondre à son exposé sur les mystères du pourquoi untel va crever un autre non... Il était vrai qu'ils n'avaient pas tous été exposés de la même manière... mais dans le cas d'un Novak, par exemple, il y avait quasiment 100% de chances de mourir. Hors il n'avait jamais été atteint. Tony aussi avait été exposé directement, et il aurait dû être infecté. Il n'en n'était rien.

Il fronça les sourcils, cherchant comment répondre à ça sans partir dans un exposé qui durerait trois semaines... Oh Tony était certainement assez intéressé pour tenir trois semaines de discours, mais quand même...

Puis sur le moment, aussi, il ne sut pas de qui Tony parlait. Parce qu'il n'avait pas de petite amie. Est-ce que Tony avait entendu une rumeur quelconque, ou croyait-il qu'il était assez proche de quelqu'un pour que les autres puissent penser que...
*oh.*
Il comprit enfin de qui il parlait.
Quelques secondes de silence...

- Elle n'est pas ma petite amie...

Il n'avait pas encore capté ses émotions contradictoires... parce que les mots de Tony lui avaient quand même retourné l'esprit... Est-ce que Bella? Ben non, quand même pas... depuis le temps... puis elle n'avait pas tellement changé, si? En fait peut-être... mais dans son regard à lui... parce qu'il tenait beaucoup à elle et qu'il avait eu très peur qu'elle ne fasse un malaise de trop, ce soir là... quand ils étaient si proches... la main sur sa joue... ses lèvres sur sa peau un peu piquante... et il en restait un drôle de sentiment qu'il ne parvenait pas à identifier. Parce qu'il n'avait jamais été dans une situation pareille.

- Et heu donc...

Ben voilà, exit l'immuno, il pensait à Bella... et au fait que finalement, il pensait beaucoup à elle ces derniers temps... presque tout le temps... mais il trouvait ça normal, puisqu'elle était sa meilleure amie et qu'on pensait souvent aux amis. Il était décidément sacrément décalé.

- Nous sommes très proches, c'est tout.

Comme pour s'en convaincre... bon, c'était la vérité... mais il devrait peut-être réfléchir à quelques questions très simples comme: pourquoi pensait-il aussi souvent à elle? Pourquoi lui maquait-elle quand elle n'était pas dans les parages? Pourquoi il aimait bien la regarder, juste la regarder? Pourquoi il lui trouvait la peau très douce? Pourquoi il se réveillait en sursaut la nuit, parfois... Mais il fit un grand effort. Il refusait l'évidence, il la niait, parce qu'il savait que ce n'était pas pour lui, il n'avait connu que des désastres, et qu'une femme comme elle, rien n'est possible. C'était bien simple, il le niait tellement qu'il n'envisageait même pas ces possibilités. Il ne rêvait pas de former quelque chose. Non, il ne rêvait que de son amitié véritable...
Tout en ressentant mille choses encore en contradiction avec cette volonté qui tentait de tout éclipser. Mais ces derniers jours, l'éclipse avait plus de mal à avoir lieu, laissant apercevoir, ça et là, qu'il était en fait complètement amoureux d'elle, et qu'il ne voulait pas voir les choses en face.

- Hum et donc, c'est la même chose que j'ai dit avec les anticorps naturels et pourquoi certains bloquent et d'autres non... On a analysé le sang de Novak comme le tient, au début, au moment des quarantaines. On a analysé tout le monde, tu penses... Et que ce soit ma... heu Bella...

Hummmm le gros lapsus révélateur! Il fit comme si de rien n'était.

-... Novak ou toi, on a pu déterminer une partie des anticorps mais on n'a pas pu aller plus loin... Moi, j'étais déjà en route pour ici... enfin pas là précisément, mais en route pour le Nevada, j'ai échappé à la contamination. Je sais pas si j'aurais survécu et j'ai franchement pas envie de savoir...

Il se sentait bizarre, quand même... comme si ses barrières s'effritaient.
*Mais non c'est pas ma petite amie, faut cesser de délirer quand même...*

La réaction du pti génie m'étonna... Il se défendait du fait que Bella soit sa petite amie.
" Oh, désolé... à vous voir tous les deux, on le croirait pourtant! "

Puis il repartit sur les explications que j'étais venu chercher quand il se reprit juste avant de dire quelque chose... Je souris...
" Et t'allais dire quoi là? ma...? "
Voyant son regard perdu et presque incrédule, je supposais alors que Raphaël n'avait pas remarqué la façon dont Bella le couvait du regard... et voilà pourquoi ses propres regards sur elle semblaient plus subtils... parce qu'il n'avait pas remarqué!
" Ou sinon tu... Non, attends... Je... Tu... Oh laisse tomber! Elle va bien au moins? Enfin, mieux qu'hier quoi?...

J'ai eu l'occasion de discuter de temps en temps avec elle... Elle est adorable! "
Une idée me vint alors à l'esprit. Une idée qui mettrait peut-être à Raphaël les yeux en face des trous.
" En plus, elle a de la conversation et elle est très belle... Et vu que tu la connais bien... Tu sais si elle voit quelqu'un? à part toi, je veux dire... Enfin, je te demande ça parce que j'ai remarqué que quelqu'un lui faisait les yeux doux depuis un moment... "
Je le taquinais. Je voulais le faire réagir. J'espérais qu'un peu de jalousie pointerait son nez...

*On le croirait?* Il ne sut s'il devait s'en sentir heuuu content ou apeuré. On pensait que Bella et lui étaient ensemble? Quelle idée saugrenue, pensa-t-il comme ça, ils ne faisaient pourtant rien pour qu'on le pense. Non, ils se regardaient comme des merlans frits quand l'autre avait le dos tourné, et ils passaient le plus clair de leur temps ensemble... à part ça, qu'est-ce qui pourrait faire penser que...?

est-ce que Tony le chambrait? il avait failli dire "ma petite amie", et c'était peut-être la première erreur... ou du moins la première pierre à l'édifice. Ou la première marche de 'escalier... ou tout simplement une poignée de porte qui donne sur la réalisation... Mais, heureusement, Tony lâcha l'affaire... et Raphael souffla intérieurement. Il perdait les pédales. Il tenait décidément TROP à elle.

- Oui, oui, elle va mieux c'était une p'tite crise de spasmo, enfin tu vois le truc, enfin bref elle reprend du poil de la bête... bref bref.

Et Tony reprit ses considérations sur Bella... et sur le moment, ça l'agaça! Oui c'est bon, il savait qu'elle était adorable, très belle et tout et tout, parce qu'il la trouvait très belle et qu'il l'adorait, point!
Point?
Il quoi? Il déglutit! Et là, il crut quand même défaillir quand Tony lui apprit que quelqu'un lui faisait les yeux doux. Quelqu'un faisait les yeux doux à SA Bella?
*Mais c'est pas MA Bella... puis elle fait ce qu'elle veut...* Mais un petit vent de panique passa sur son petit cœur. Il essaya de ne rien laisser paraître... Mais pourquoi balisait-il? Pourquoi son cœur battait-il si fort?

- Ha oui? Heu.. bah... j'ai pas remarqué, je sais pas... enfin je crois pas qu'elle voit quelqu'un, vu que de toute manière, on passe le plus clair de notre temps ensemble... Je serais au courant je pense.

*C'est moi qu'elle voit.*
Il ne sut quelle interprétation donner à ce constat, par rapport aux paroles de Tony. Que voulait-il dire Tony? Il perdait un peu les pédales. Et il n'aimait pas du tout penser qu'il pouvait être jaloux alors qu'elle n'était une amie, une simple amie, sa meilleure amie, son...

Âme sœur, peut-être?

- Ouais donc voilà et pour en revenir à l'immuno, il faut aussi prendre en compte des paramètres comme la vitesse de réaction, s'il y a une tendance à la maladie auto-immune, s'il y a un déficit en certains marqueurs et...

J'avais remarqué comme un air de panique lorsque je dis à Raphaël que j'avais vu quelqu'un faire les yeux doux à celle qui n'était pas sa petite amie... J'avais bien compris ce que je soupçonnais, et je crois même que Raphaël avait partiellement réalisé ce que j'avais voulu dire. Il tenait à elle, il en était amoureux, c'était certain, mais il lui restait à comprendre le doute que j'avais semé dans son esprit.

Raphaël était un gars vraiment très bien, mais qui avait tendance à être hors course pour tout ce qui ne concernait pas son travail. Annabella était une femme très belle, très sympathique et qui avait l'air extrêmement douce, calme et patiente... C'était sans aucun doute le genre de femme qu'il fallait au petit génie!

Le sujet de conversation revint ensuite sur le première raison de ma venue: l'immunité. Et j'étais frustré et déçu de constater que mon immunité ne pouvait pas être plus utile que ça. J'aurais tellement aimé me rendre utile... tellement voulu aider à faire avancer les choses ici...

FIN