- Salut tout le monde ! Quelles nouvelles ? Y a du café ?

J’étais arrivée à la Régie de fort bonne humeur ce soir. J’avais passé ma journée dans les rapports à ne pas quitté la salle de réunion pour ne pas être dérangée, et à part une visite de Keller pour voir l’avancement de mon boulot, j’avais été tranquille. Une fuite avait été organisée pour l’après-midi, je n’en savais pas grand-chose, à part que les scientifiques avaient besoin de cobayes féminin, alors ils avaient prévue ça du coté du salon de beauté. J’avais fini ma paperasse, ca me faisait du bien de retrouver le terrain. Enfin, je n’allais pas patrouiller ce soir, mais je me demandais si la fuite s’était bien déroulée. Harper me montra la cafetière pleine, ils avaient prévu le ravitaillement pour l’équipe de nuit. J’allais me servir une petite tasse tout en papotant…

- La fuite ? Ca a donné quoi ?
- 4 nouveaux infectés à l’Ena. Jour de silence dans 2 jours, baratin habituel.
- C’est Hamilton qui doit être aux anges.
- Surement… Ce sont 4 femmes comme elle le voulait. Ca tombe bien.

- On a frôlé la catastrophe avec Beckerson, hein chef ? Hahaha

Un des gardes devant son écran avait lancé cette phrase le plus naturellement du monde. Fallait dire que l’ambiance était rarement à la déprime à la Régie… Mais si Ty avait encore fait une connerie, ca m’étonnait de ne pas en avoir entendu parler avant…

- Qu’est ce qu’il a encore fait celui là ?
- Rien, Capitaine Kramer. Mais il était dans la zone délimitée, on s’en est pas rendu compte tout de suite…
- Il croit être contaminé ?
- Non… On a envoyé Melle Vaneloni le sortir de là à la dernière minute pour être sur de ne pas l’avoir dans les pattes. On n’avait qu’elle sous la main dans un temps aussi court. Mais il a eu chaud, il le sait.

Ok… Ca ce n’était pas cool… Certes, on essayait au maximum de délimiter les personnes qu’on voulait dans les labos, mais il arrivait qu’une n’ait rien à faire là. Ca avait été le cas avec Ty. Heureusement que la régie est toujours réactive. Pour une fois, je pouvais remercier Emily. L’idée me faisait très mal, d’ailleurs. Je finissais mon café, et quittais le poste de surveillance. Je passais rapidement me changer pour ne pas sentir la salle de réunion, et fonçais au niveau 2 prendre des nouvelles de Ty. Même si je savais qu’il ne risquait rien, ca aurait paru bizarre que je n’aille pas le voir alors qu’il avait failli être contaminé. J’allais jusqu’à son appartement, en espérant qu’il y soit… Une fois devant la porte, je frappais doucement.

- Ty ? C’est moi… tu es là ? Ouvres, moi, stp…

Ty ouvrit la porte quelques secondes plus tard. Il ne devait pas être loin. Je n'aimais pas trop jouer cette comédie, mais je n'avais pas le choix. Ty était resté mon ami, qu'aurait-il pensé si je n'avais été prendre de ses nouvelles alors qu'il avait failli mourir ? J'attendais qu'il referme la porte pour le prendre dans mes bras. J'étais contente qu'il n'ait rien. Mêmes si je savais qu'il ne risquait rien. C'était trop dangereux pour David d'avoir Ty dans les labos. Et moi, au milieu de tout ça. Je n'aurais jamais supporté de le voir servir de cobaye aux cinglés du niveau 4. Même si je n'avais plus de sentiments aussi forts qu'avant pour lui, je n'aurais pas pu l'accepter.

- Je suis venue dès que j'ai su. Tu l'as échappé belle... On n’avait pas encore les résultats des tests quand je suis passée à la Régie, mais bon... On sait que l'optimisme ne sert pas à grand chose...

Je me décidais à le lâcher et allait dans le salon. Rien n'avait changé chez lui. Je n'étais pas venue depuis un moment. Je n'en avais plus vraiment l'occasion depuis qu'on avait rompu. Je restais debout quelques instant avant de m'assoir sur le canapé. Les coussins était mal placés, comme si Ty s'était vautré dessus pendant un long moment. Je devais l'avoir dérangé. Oups. Il avait eu de grosses émotions aujourd'hui, il valait peut être mieux que je ne reste pas trop longtemps.

- La Régie m'a dit qu'Emily avait eu besoin de toi juste avant que la fuite ne se déclenche, alors que tu étais dans la zone. C'est complètement dingue. Ca va ? Tu tiens le choc ?

Les coudes sur mes genoux, je ne savais pas trop quoi dire. Mentir au sujet des fuites, je savais le faire, mais lui faire croire qu'il avait failli mourir c'était moins évident. J'essayais d'imaginer que ca soit vrai, qu'il avait vraiment échappé à une fuite du virus. Mais je crois qu'au fond de moi même, je n'avais pas envie d'imaginer un truc pareil. J’attendais que Ty vienne s’assoir à coté de moi. Ca me faisait vraiment bizarre d’être là. Mais en un sens, c t toujours ma place. A coté de lui pour l’aider et le soutenir quand il le fallait, malgré nos désaccords.

- Tu aurais du me faire appeler tout de suite, je serais venue te voir plus tôt. Tu sais que je suis toujours là pour toi.

Un sourire léger sur les lèvres, je passais doucement ma main dans ses cheveux pour les remettre en place. J’avais l’impression de l’avoir réveillé.

- Je ne suis pas de garde ce soir, si tu as besoin de compagnie…

- Je donnerai des ordres. Si tu veux me voir, y a pas de raisons qu’on ne me passe pas le message… Surtout dans ces conditions.

Crétins de gardes ! Non seulement ils manquent de le mettre sous une fuite, mais en plus ils l’empêchent de me contacter. Pour le coté transparence, c’était raté. Si même moi je passais pour quelqu’un d’indisponible, on n’était pas sorti de l’auberge. Y avait plus qu’à espérer que l’intervention d’Emily passe réellement pour une coïncidence… Apparemment, Ty n’avait pas l’air de se méfier. A moi de faire en sorte que ca continue. Une petite soirée entre amis, c’était une bonne idée. Ca nous ferait du bien à tous les deux, et ça rattraperait un peu l’accumulation des bourdes…

Il vint s’asseoir à coté de moi. J’enlevais mes chaussures, posais ma radio et mon arme sur la table basse avant de m’allonger contre lui. Quitte à discuter, autant être à l’aise. Et puis ca me rappelait cette époque où on pouvait rester rien que lui et moi à écouter de la musique sans se préoccuper de quoi que ce soit. C’était avant que je ne quitte le cœur de Ty pour rejoindre celui de David Keller… Enfin… d’Eternalis.

- J’ai passé l’après-midi dans les rapports. Parfois, j’ai l’impression d’être une secrétaire. Pourquoi on ne peut pas refiler notre paperasse à Aelia et ses sbires ? C’est à ça qu’ils servent aux archives…

Je savais pourquoi… la majorité de notre travail était top-secret. Les 3/4 des archives n’étaient pas dans les archives. La vraie vie d’Eternalis était cachée de tous… même de ceux qui devaient tout savoir. Les secrets… C’était ça la vraie vie d’Eternalis. J’en connaissais plusieurs, et je ne pouvais en parler à personne. On en parlait quasiment pas entre nous pour être le plus discret possible. Rien ne filtrait, rien n’existait.

- Oh, j’ai un scoop pour toi. Un des assistants d’Hamilton a voulu jouer les apprentis sorciers dans les dossiers informatiques. Il nous a mis un boxon pas possible dans tout le réseau. Si tu entends parler d’une panne informatique sur l’ensemble du complexe, ca vient de là. Sierra était hors d’elle. Je l’entendais hurler depuis le bureau. Mlada a essayé d’intervenir pour calmer tout le monde, je me demande si elle a pas fini par se prendre une baffe perdue.

Cette histoire avait mis une partie du niveau 4 sur off, mais pas de quoi en faire un fromage. J’avais « légèrement » exagéré la chose. Mais ca ferait une bonne histoire pour l’Another. J’étais bien là, allongée à discuter. Ma main gauche se baladait sur mon ex, oubliant que le temps avait passé depuis que j’étais autorisée à avoir les mains baladeuses.

- T’as pas un peu de musique, là ? Tu mettais toujours de la musique quand on passait du temps ensemble, avant…