1.05 [25/06] Vers le niveau 3...

J’étais bouleversé, je ne savais plus quoi penser ni quoi faire… Anton essaierait sûrement de me convaincre de rentrer chez moi, de me calmer et d’attendre que David rentre.
Mais s’il ne rentrait pas, comme souvent ces derniers temps ? Je resterais seule à me morfondre et à me ronger les sangs ? A me poser mille questions et à m’imaginer mille réponses toutes pires les unes que les autres ?
Mais j’avais trop attendu patiemment ces derniers temps, et ce à propos de tout et n’importe quoi… Je le savais, il était temps d’agir maintenant ! Hors de question de rentrer !
J’étais décidé : j’accompagnerais Anton pour rejoindre David, peu importe ce qu’on me dirait ou ce qu’on me ferait pour m’en empêcher.

Le grésillement de sa radio interrompit là mes réflexions.

Citation :: Monsieur Feilster, une alarme s’est déclenchée sur les portes du niveau 1, mais rien n’apparait sur les caméras. On surveille.

Une alarme ? Au niveau 1 ? Je n’étais pas vraiment sûre de comprendre la portée de ce que cette information impliquait… Et les seuls mots qui purent franchir mes lèvres furent :
Oh mon Dieu !

J’eus la sensation que mon sang se glaçait dans mes veines au fur et à mesure que je comprenais que quelque chose de pire que tout ce que j’aurais pu imaginer était en train de se produire. Mais le temps d’exprimer ma peur était révolu. Anton n’avait pas besoin de m’avoir dans ses pattes alors que tout le monde comptait sur lui en ce moment.
Ainsi, en me reprenant rapidement, je m’écartais de lui en ne faisant rien d’autre que le regarder d’un air plus qu’inquiet.
J’essayais de me contenir le plus dignement possible alors que la peur m’étreignait plus que jamais et me broyait de l’intérieur. Ma résolution de l’accompagner coûte que coûte était en train de s’effriter face aux évènements.
Et comme pour confirmer cet effritement, l’alarme retentit. Forte, brutale, puissante, elle me fit sursauter.

Qu’allais-je faire maintenant ? Mais surtout : que pouvais-je bien faire ?

Alia avait parfaitement su s'inviter dans l'ascenseur avant qu'Anton n'ai pu réagir. L'épouse dévouée semblait s'être transformée en femme déterminée à rejoindre son époux. Difficile de lutter contre un tsunami de ce genre, même pour le chef du cœur, surtout qu'Alia était bouleversée et sa souffrance était difficile à ignorer.

- Calme toi, je suis sûr que David pense à toi, mais il n'a pas eu le temps de te prévenir.

Penser à son épouse quand la femme que l'on aime vraiment est entrain de mourir ? Pas sûr que ce genre de pensées ne passent par l'esprit de Keller à cet instant. Mais il y avait des mensonges bien moins destructeurs que la vérité, Anton ne pouvait pas se permettre de s'ajouter d'autres difficultés en cet instant.
D'autant plus que sa radio venait d'en annoncer de nouvelles : l'alarme du niveau 1 s'était déclenchée...

- Quoi ? Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ? Trouvez moi en la cause et vite.

Une alarme déclenchée au niveau 1 alors que tout eternalis ou presque était censé se trouver au bal, au niveau 2, au même moment, c'était tout sauf un hasard aux yeux d'Anton. L'alarme qui résonnait à cet instant n'allait pas améliorer les choses, les habitants risquaient de céder à la panique, et ceux qui étaient derrière tout ça n'attendait surement que cela.

Citation :: Monsieur, c'est confirmé, une des portes du niveau 1 a été ouverte. On a aucune image, tout a été brouillé par un des nôtres. Le capitaine Nastrovitch a ordonné à tous les gardes du complexe de se rendre au niveau 1. L'alerte a créé un mouvement de panique aux autres niveaux. Qu'est ce qu'on fait ?

- Annulez l'ordre du Capitaine Nastrovitch, j'ai besoin des gardes à tous les niveaux pour gérer la foule, c'est peut être aussi une diversion. Envoyez une équipe de gardes au niveau 1, trouvez moi qui a brouillé les caméras et faites le parler par tous les moyens.

Le ton était direct, l'heure n'était pas aux compromis et il n'avait pas le temps de prendre des pincettes, au risque de choquer Alia qui entendait chacun de ses mots. Une présence actuellement des plus gênantes en cet instant de crise, il ne pouvait "s’embarrasser" plus longtemps d'oreilles délicates et d'une proie facile alors que l'ascenseur allait arriver au niveau 3.

- Alia, tu dois retourner à ton appartement, la situation est grave tu l'as compris, on peut s'attendre à tout et je ne vais pas pouvoir être efficace si je dois te protéger et David non plus. Un garde vas t'accompagner en lieu sûr.

La sonnerie retentissait alors que l'ascenseur s'arrêter, arrivé à destination. Reprenant sa radio, avant que les portes ne s'ouvrent, Anton avait un dernier cas, et pas le moins important, à gérer.

- Trouvez mon fils et vérifiez qu'il soit en sécurité.

Message pour Anton :

"Votre fils a rejoint votre appartement dès le début de l'alerte, Monsieur. L'ordre du capitaine Natsrovitch a été annulé."

Observatrice silencieuse, je ne pouvais qu’admirer le calme d’Anton et la rapidité avec laquelle il réagissait face aux nouvelles que sa radio lui envoyait. David avait eu raison de lui faire confiance. C’était aux instants les plus troubles que les vraies qualités ressortaient au grand jour.
Ou bien, pour d’autres, les défauts… Mlada n’avait pas été la mieux inspirée d’envoyer tous ses hommes au niveau 1. Mais qui étais-je pour juger de son travail ? Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de penser que des sanctions allaient tomber pour la Capitaine des Gardes, et sûrement pas des plus agréables.

Mais mes pensées s’éloignèrent bien vite de ces préoccupations stériles face auxquelles j’étais impuissante de toute façon… Avec un temps de retard, je me rendis compte que j’avais entendu le garde de la Régie dire que des problèmes d’images étaient survenus ? Et qu’un des gardes était le responsable ? Mon Dieu ! Mais si l’on ne pouvait même plus faire confiance à ceux censé assurer notre sécurité où allions nous ?
Et Anton par-dessus le marché voulait me confier à l’un deux ? Mais si celui chargé de ma sécurité était un traitre également ? Il était hors de question que je rentre tranquillement chez moi avec quelqu’un que je ne connaissais pas… Pas avec ce qu’il se passait en ce moment !
Après tout, on me l’avait assez souvent répété : « Vous êtes la première dame du Complexe Madame Keller ! » J’appréciais alors cette distinction et ce qu’elle entrainait, mais aujourd’hui ce n’était qu’un risque supplémentaire à mes yeux…

Anton… Tu les as entendus ! Un garde est dans le coup ! Et tu veux que je rentre chez moi avec l’un d’eux ? Hors de question !

La peur irradiait dans ma voix, étouffant la force et l’inflexibilité que j’avais voulu y mettre… Il ne pouvait pas me faire ça, il ne pouvait pas m’obliger à risquer ma sécurité et peut être même ma vie !

Je viens avec toi ! Tu ne me feras pas changer d’avis.

Puis j’ajoutais d’une voix bien plus faible et suppliante que je ne l’aurais voulu :

Je ne te dérangerais pas, je te le promets… Je t’en prie, ne me laisse pas sous la garde du premier venu…

L’ascenseur arrivant à destination ne faisait qu’augmenter mon angoisse. Dans une ultime tentative de le faire changer d’avis, je m’accrochais à son bras, le suppliant d’un regard paniqué. Mais sa radio grésilla de nouveau : c’était la voix de David, je l’aurais reconnu entre mille… Il allait bien ! Dieu soit loué !

Citation :: Anton, nous avons un problème. Un grave problème, il faut qu'on discute !!

Un grave problème ? Que pouvait-il se passer de plus grave que l’alerte au niveau 1 ?
J’avais une chance que cet appel radio inquiète Anton et qu’il m’oublie quelques instants. Une toute petite chance que je ne devais pas laisser passer… Je relâchais rapidement son bras en m’éloignant de lui, me faisant la plus silencieuse possible, me retenant même de respirer, alors que le ding de l’ouverture des portes retentissait.

Sur ce coup là, Alia marquait un point. Si des traîtres étaient parmi nous, il y avait un risque important à ce que la femme du créateur d'Eternalis soit prise pour cible par ceux qui étaient derrière les troubles actuels. Et Anton avait bien du mal à résister à l'air suppliant de Mme Keller lui tenant le bras. Elle n'était pas une membre du coeur, ni même une garde, il ne pouvait lui demander de prendre des risques même si la situation actuelle l'exigeait.

- Ok, tu as gagné, je ne vais pas te renvoyer chez toi avec l'un de ces gardes, je vais t'escorter moi même ou trouver un homme de confiance.

La deuxième proposition étant bien évidemment celle privilégiée par le chef du Coeur dont le temps était précieux, surtout à cet instant. D'autant plus que le dernier message de David lui annonçant qu'ils avaient un grave problème à résoudre d'urgence venait de condamner ses derniers instant s de répits pour réfléchir à cette situation. S'il ne pouvait plus escorter lui même Alia car Keller l'attendait, il ne pouvait pas non plus la ramener avec lui sachant avec qui son mari se trouvait à cet instant.
Comme s'il avait besoin de devoir gérer une nouvelle fois leurs histoires de couple alors que toute la sécurité d'Eternalis était mise à l'épreuve au même moment...

- J'arrive... Répondit il à son ami par la radio.

La tension était à son comble pour Anton qui ne pouvait compter aux rayons des bonnes nouvelles que sur l'information de la régie lui annonçant que son fils était un sécurité. Tant mieux, un problème familial en plus et il lui aurait surement fallu des supers pouvoirs pour avoir une chance de s'en sortir.
Quoi qu'il en soit, l'ex lieutenant de la L.A.P.D. devait trouver une solution, et MAINTENANT. Alors qu'il observait la peur d'Alia dans son regard, il lui vient une idée qui peu à peu devenait dans son esprit la seule échappatoire. On ne pouvait avoir confiance en personne, ou plutôt qu'en soi même en cet instant. ..
Alors que ascenseur arrivait à destination, Anton releva le bas de son pantalon, dévoilant une arme scotchée à sa jambe qu'il s'empressa de récupérer avant de la donner à Miss Eternalis.

- Tu sais tirer, je t'ai vu t'entrainer. Avec ça tu pourras te défendre, de toute façon personne ne pourra entrer ici avant que je ne revienne pour te ramener chez toi. Dès que l'ascenseur sera en marche, appuie sur le bouton pour le maintenir bloquer entre deux étages. Je dois voir David, tu as entendu, il se passe quelque chose de grave.

Dit il alors que les portes de l'ascenseur s'ouvraient sur le niveau 3. Avant d'ajouter, un peu gêné ;

- Je ne serai pas long.

Anton appuya alors sur le bouton du niveau 2 et s'engouffra entre les portes avant qu'elles ne se referment, ne laissant pas à Alia l'occasion de réagir comme elle avait su si bien le faire avec lui quelques instants auparavant. Après avoir attendu que l'ascenseur se remette en marche, le chef du cœur décrocha sa radio. Il devait donner quelques consignes...

"Ici Feilster, vérifiez que l'ascenseur privé reste bien bloqué avant d'arriver au niveau deux. Personne ne doit y accéder jusqu'à nouvel ordre. Avez vous fait parler le traitre ?
J'attends un rapport immédiat sur ce que vous avez trouvé au niveau 1.."

===> Suite, devant chez la rouquine.